Il y a un an que je suis ici et j’ai encore du mal à dire au gens d’où je suis. La majorité des gens qui te posent la question « What country ? » n’ont jamais entendu parler d’Haïti. Certains assument que cela doit se trouver quelque part en Afrique—le continent noir étant la souche des hommes d’ébène—même quand tu leur dis que c’est dans la caraïbe, du coté de Cuba et de la Jamaïque. Après plusieurs tentatives de discours sur la location d’Haïti, j’ai appris à dire que je suis de « West Indies » parce que Trinidad & Tobago dont le sport national est le cricket est l’idée la plus exacte qu’ils se font des West Indies, et par ricochet, de la Caraïbe.
Aussi, grande fut ma surprise quand quelqu’un, un monsieur d’une grande culture auquel je disais que j’étais haïtienne, me répondit que « Haïti est l’un des dix endroits les plus dangereux de l’heure. » J’étais beaucoup plus surprise par sa réponse que par son immense culture. L’Inde n’est-elle pas le territoire où cohabitent les contradictions de toutes sortes ? Les super-riches faisant partie des cinq personnes les plus riches du monde et les pauvres absolus ; les volubiles qui, en moins de cinq minutes te diront tout de leur fils, chercheur à l’université d’Oxford et de leur frère, professeur à Harvard University et les taciturnes qui n’ont jamais rien à dire, les ingénieurs les plus chevronnés en technologie de l’information et les illettrés.
Pour revenir à notre chère Haïti, je n’ai su quoi dire au monsieur. En effet, Haïti partage la palme des pays les plus dangereux avec des endroits tels Afghanistan, Iraq, etc…J’ai essayé de l’expliquer que pendant les cinq dernières années, le kidnapping est devenu à la mode en Haïti, mais qu’il n y a jamais eu d’attentat suicide, ni de meurtre collectif, ni rien qui ressemble de près ou de loin à ce qui se fait en Orient ; puis on a changé de sujet.
Je ne sais pas les critères selon lesquelles on classifie les endroits les plus dangereux, mais j’ai eu du mal à comprendre pourquoi Haïti et Afghanistan sont dans la même catégorie. Je sais qu’en Haïti, nous sommes en train d’atteindre, pour parodier mon ami M., « le degré zéro de l’humanité », néanmoins, nous sommes des poltrons comparés aux kamikazes. N’était-ce cette minorité de sans-foi-ni-loi qui sèment la terreur dans l’ex Perle des Antilles, nous serions encore au stade tribal dont les leitmotivs « voisinaj se fanmi », « men anpil chay pa lou » rythment encore la vie des provinces d’Haïti.
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