Thursday, December 21, 2006

L’économie informelle, une affaire d’hommes











Pour le visiteur de Delhi qui a forcément lu les rapports économiques récents sur le fort taux de croissance de l’économie indienne, les marchés sont les lieux les plus bruyants, les plus révélateurs et les plus descriptifs de l’activité économique. De onze heures du matin jusqu’au soir, c’est un amalgame de sons, d’odeurs et couleurs. Les créations les plus originales alternent avec les produits importés ; la charcuterie d’un coté, les fleuristes et la pharmacie d’un autre ; les petits cafés BARISTA et les pizzeria DOMINO’S ; les prêts-à-porter et les produits artisanaux ; les fruits juteux qui invitent à la rêverie et les légumes frais s’ouvrant au soleil…Tout s’y trouve, sauf les femmes.

Contrairement à Haïti où les femmes sont les grands moteurs de l’économie informelle, où le marché Tête Bœuf abrite dans ses flancs un flux important de détaillantes, où les rues du Centre-Ville sont prises d’assaut par des femmes chercheuses d’espoir, où le masculin de marchande, pour répéter après Mirelle N. Anglade, est rarement utilisé…Ici ce sont les marchands qui donnent le ton à la vente de détails.

Un flot d’hommes passés maître dans l’art de la vente, t’appellent, te harcèlent, t’ensorcèlent jusqu’à ce que, épuisé et charmé, tu mets bas les armes et te plies aux jeux de l’offre et de la demande ; tu soupèses la marchandise et négocies ardemment les prix, puis quand une entente est trouvée et que satisfait, tu t’apprêtes à t’esquiver, on te demande « Anything else ? », tu dis non à la hâte parce que tu sens que tu viens de te faire avoir, mais avant que tu t’en aperçoives, d’autres spécimens te sont présentés, d’autres « deals » te sont contés et tu n’ as pas le cœur à dire non, ni à rompre le charme, ni à t’en aller de la vie qui grouille de toutes parts.

C’est là le charme de Delhi. L’envoûtement. Tu t’étonnes un peu de l’absence de femmes, mais les hommes ne te laissent pas le temps de trop y penser.

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Tuesday, December 19, 2006

West Indies

Il y a un an que je suis ici et j’ai encore du mal à dire au gens d’où je suis. La majorité des gens qui te posent la question « What country ? » n’ont jamais entendu parler d’Haïti. Certains assument que cela doit se trouver quelque part en Afrique—le continent noir étant la souche des hommes d’ébène—même quand tu leur dis que c’est dans la caraïbe, du coté de Cuba et de la Jamaïque. Après plusieurs tentatives de discours sur la location d’Haïti, j’ai appris à dire que je suis de « West Indies » parce que Trinidad & Tobago dont le sport national est le cricket est l’idée la plus exacte qu’ils se font des West Indies, et par ricochet, de la Caraïbe.

Aussi, grande fut ma surprise quand quelqu’un, un monsieur d’une grande culture auquel je disais que j’étais haïtienne, me répondit que « Haïti est l’un des dix endroits les plus dangereux de l’heure. » J’étais beaucoup plus surprise par sa réponse que par son immense culture. L’Inde n’est-elle pas le territoire où cohabitent les contradictions de toutes sortes ? Les super-riches faisant partie des cinq personnes les plus riches du monde et les pauvres absolus ; les volubiles qui, en moins de cinq minutes te diront tout de leur fils, chercheur à l’université d’Oxford et de leur frère, professeur à Harvard University et les taciturnes qui n’ont jamais rien à dire, les ingénieurs les plus chevronnés en technologie de l’information et les illettrés.

Pour revenir à notre chère Haïti, je n’ai su quoi dire au monsieur. En effet, Haïti partage la palme des pays les plus dangereux avec des endroits tels Afghanistan, Iraq, etc…J’ai essayé de l’expliquer que pendant les cinq dernières années, le kidnapping est devenu à la mode en Haïti, mais qu’il n y a jamais eu d’attentat suicide, ni de meurtre collectif, ni rien qui ressemble de près ou de loin à ce qui se fait en Orient ; puis on a changé de sujet.

Je ne sais pas les critères selon lesquelles on classifie les endroits les plus dangereux, mais j’ai eu du mal à comprendre pourquoi Haïti et Afghanistan sont dans la même catégorie. Je sais qu’en Haïti, nous sommes en train d’atteindre, pour parodier mon ami M., « le degré zéro de l’humanité », néanmoins, nous sommes des poltrons comparés aux kamikazes. N’était-ce cette minorité de sans-foi-ni-loi qui sèment la terreur dans l’ex Perle des Antilles, nous serions encore au stade tribal dont les leitmotivs « voisinaj se fanmi », « men anpil chay pa lou » rythment encore la vie des provinces d’Haïti.

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Monday, December 18, 2006

Matrimonials


En occident le premier regard, le premier battement de cœur, les premières sueurs, le premier baiser, précèdent toujours la vie à deux. On tombe amoureux, on se noie dans le regard de l’autre, puis on le choisit pour être le compagnon de ses vieux jours…Mais qui a dit que c’était l’unique façon de faire ?

Fair, Good looking, Tall, Educated girl for Handsome Kerala boy 31/6’ Educated settled in North, Presently in US, Post doctorate in pharmaceutics. Father Reid. Army Officer. Contact: 0120-2430….


Ici, on se marie avec le conjoint que les parents choisissent après maintes considérations de plusieurs paramètres tels caste, religion, revenu, dot, etc…puis après plusieurs années de vie commune, on ne peut plus se passer de lui.

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Thursday, December 14, 2006

En Haiti Noel c'est une affaire de coeur

Un autre jour se lève timidement sur New Delhi. Je décide de commencer à bloguer. L’écran de mon ordinateur portable est jusqu’en face de moi, mais je ne sais vraiment pas quoi écrire. A travers ma fenêtre, de petites raies lumineuses trouent une à une le brouillard emmitouflant le paysage. C’est mon premier décembre à New Delhi. Je ne savais pas qu’il pouvait faire aussi froid. L’année dernière quand je venais d’arriver, je trouvais les gens amusants et même ridicules dans leurs lourds manteaux de laine. Et cette année, après avoir survécu à la canicule de mai et de juin où la température culminait parfois jusqu’à 50 degrés Celsius, j’ai moi aussi besoin d’un manteau.

Les Noëls haïtiennes me manquent ; même si elles dérogent un peu à la logique des Noëls des pays industrialisés où cheminées, bonhomme de neige, conifères, la soif pantagruélique des cadeaux… rendent plus plausible l’histoire de Santa Claus venant du pole Nord. En Haïti, Noël c’est d’abord une affaire de cœur—les petits détaillants du bas de la ville, les fanaux sur les chaussées, les bouteilles de crémas bien en vue sur les étagères, les réveillons où les jeunes amoureux profitent du compas pour se tâter, une nouvelle couche de peinture sur les portails... Ici tout est si calme. N’était-ce ce froid de canard qui vous tenait un peu dans les jambes, rien ne prêterait à penser que d’ici quelques jours, l’année s’achèverait.

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