Tuesday, January 30, 2007

Jaipur



C’est une chose d’entendre parler d’un endroit ou d’en voir les cartes postales ou de lire les récits de voyages, ou même d’épuiser les ressources de tripadviser.com et de lonelyplanet.com…c’est une autre chose de se rendre sur les lieux, de faire corps avec la crasse, le brouhaha, la magie, l’extraordinaire, et d’en sortir content, médusé, ivre…

Voir Jaipur enfin est l’une des visions que je mettrai longtemps à oublier. Au début, c’est l’incompréhension, la frustration devant l’embouteillage créé par les véhicules aussi divers en forme qu’en superficie…c’est l’énervement devant les acrobaties à entreprendre pour entrer par les petites portes de la ville aux heures de pointe—à Jaipur, toutes les villes sont bien incluses entre des murs et les portes sont les seuls moyens d’y accéder.

Puis la fatigue l’emporte. Il faut bien se reposer avant de s’attaquer aux trésors que regorge PinkCity : Le City Palace Museum, le Amber Fort, le Science and Technology Museum, les Centres d’achats, les éléphants peinturlurés et les chameaux s’avançant au pas et en cadence, les danseurs folkloriques, le bruit…

A part l’agitation et la foule qui sont les traits caractéristiques de l’Inde en général, Jaipur est une contrée à part. A Jaipur j’ai une fois de plus confirmé le proverbe « l’habit ne fait pas le moine ». À voir l’état de délabrement de certains endroits, les pauvres courant après les voitures, la misère ponctuant de ses airs désespérés le vécu de plus d’un, on ne s’imaginerait jamais que derrière les murs sales et trempés d’urine, des restaurants de luxe et des hôtels de première classe (à tous les standards) se tiennent. Comme un diamant précieux dans un égout, un peu partout le spectaculaire s’érige sur la crasse en dépit des jours, des années, des siècles, et des millénaires. Devant les vestiges de ce passé glorieux et dans les affres du présent récalcitrant, la ville respire bruyamment du lever du jour jusqu’au soir….

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Sunday, January 21, 2007

Un mariage indien






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Thursday, January 18, 2007

Jacques Roumain


Collectif Haïtien de Provence a fait mention de cette année comme celle du centenaire de la naissance de Jacques Roumain, et rappelle aux haïtiens qu’il leur incombe la tache de ne pas laisser passer cette année inaperçue, et de se pencher sur l’oeuvre de ce grand homme pour découvrir les leçons qui leur permettront de sortir de l’impasse.

En effet, même si le communisme n’est plus—seul son ombre subsiste dans quelque coin du monde—en Haïti, il faudra autant de gouverneurs de la rosée que d’haïtiens pour qu’un changement se tienne. Des gouverneurs de la rosée qui ne viendront pas de l’extérieur comme un messie omniscient pour trouver des solutions aux problèmes nous asphyxiant, mais des gouverneurs de la rosée internes, cherchant en eux-mêmes ce qui cloche, après plus de deux cents ans « d’indépendance » politique, nonobstant de sérieuses dépendances sociale, économique, et humaine. Il nous faut donc une nouvelle lecture du chef d’œuvre de J. Roumain. Un néo-indigénisme libérateur.

Le roman révolutionne la littérature haïtienne en se plaçant dans l’arrière-pays, en campant les paysans—jusqu’alors tenus en marge des œuvres littéraires haïtiennes—face à des problèmes réels tels, la misère, les comportements arbitraires et ubuesques des chefs de section, les contraintes de productions agricoles dont l’eau—à la fois symbole de la vie et facteur essentiel à toute activité productrice—, le vaudou dans l’ombre du christianisme, et le fatalisme aliénateur. Il prône des idées émancipatrices que l’homme doit prendre en main le contrôle de son destin, et que c’est dans l’unité et l’amour pour soi-même, les autres, la nature, l’air qu’on respire qu’est le salut. Quoique véhiculant des idées marxistes, Manuel a beaucoup en commun avec le Christ. C’est une œuvre tributaire de son milieu socio-politique et des aléas de la vie paysanne. Pourtant aujourd’hui le message est plus que jamais vivant. Les mêmes dissensions perdurent entre noirs et mulâtres, urbain et rural, riches et pauvres, cultivés et illettrés...aggravées par l’insécurité, l’abandon de toute production agricole, la dollarisation sous-jacente, l’exode national….

Aujourd’hui, si Manuel revenait redécouvrir son terroir, il en aurait des larmes aux yeux. L’eau ne serait pas le seul bien rare et vital qu’il lui faudrait trouver, capter, et distribuer aux moyens d’union et de solidarité. Il lui faudrait d’abord trouver des gens disposés à écouter son message, des oreilles bienveillantes ayant l’envie de donner suite à ses discours…Quand les campagnes sont vidées de leur contenu, que les mornes s’écorchent, que l’homme aux abois prend la fuite ; qu’est-ce qui reste ? Un coin de terre carnivore, qui tue ses fils et ses filles, qui chasse ses hommes et femmes, que la corruption ronge, et sur lequel les Gervilien et Hilarion en nous tous empiètent de façon suicidaire.

« Il n’est jamais trop tard pour bien faire », dit-on souvent. Trois années après la célébration du bicentenaire de notre indépendance, si le ras-le-bol inspiré par la dégradation du climat politico-économqque haïtien nous invite à répéter comme la mère de Manuel « Nous mourrons tous », une relecture de Jacques Roumain est peut-être le signal d’alarme que nous attendons pour faire vivre nos idéaux de justice, d’égalité et d’union.

A lire

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=38761&PubDate=2007-01-11

http://www.ciao.fr/Gouverneurs_de_la_rosee_Jacques_ROUMAIN__Avis_788509

http://jacbayle.club.fr/livres/Nouveau/n_2/Roumain_5.html

http://jacbayle.club.fr/livres/Nouveau/Roumain.html

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Wednesday, January 17, 2007

Babel




Ce n’est pas un long métrage retraçant une histoire dans le temps et dans l’espace. C’est plutôt un amalgame de courts métrages superposés et parallèles, se déroulant dans des endroits différents, montrant des personnages qui n’ont, à priori, rien à voir les uns avec les autres, mais à posteriori, qui sont interconnectés, et qui sont en proie au mêmes émotions humaines.

Tel est babel. Une arme donnée en cadeau à un paysan du Maroc par un chasseur japonais, est utilisé par des enfants pour blesser une touriste Américaine…En une seconde, quatre vies basculent, et quatre univers se rencontrent ; cette ados sourde-muette japonaise se rebellant contre le monde, ce couple américain en visite au Maroc, cette nounou mexicaine dont une simple erreur va lui coûter la vie qu’elle a mis seize années à bâtir aux Etats-Unis et cette famille marocaine qui est au cœur du drame, sans rien y comprendre.

Tout y est : colère, frustration, euphorie, désespoir, regrets, solitude…Un film super qui nous montre que nous avons tous des drames en commun, et que même si l’autre n’est pas visible, on n’est jamais seul dans son désespoir….

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Tuesday, January 16, 2007

Un an pile

Il y a exactement un an, j’ai atterri ici, avec ma famille, mes idées préconçues sur l’orient, mes stéréotypes arrêtés de tiers-mondiste, mes attentes teintées de scepticisme…un peu de tout, un peu de rien….sur le seuil d’un monde que je n’avais côtoyé que dans mes livres d’histoire et les contes de mille et une nuits. Je venais d’une autre planète dont personne n’avait jamais entendu parler, malgré l’épopée de mille huit cent quatre, la cérémonie du bois-caiman, et le refus de l’esclavage. Je ne cessais de répéter à qui voulait l’entendre que j’étais ici pour deux ans, et que je prierai pour que le temps passe vite, et qu’au bout du voyage, je sois rendue à mon univers familier.

L’Inde m’apparut comme un immense chantier où les vestiges du passé annihilent les semences du présent et où la croissance tant vantée par les medias mettrait beaucoup de temps à apporter des fruits. Partout où je posai les yeux, je butai sur un vacarme impressionnant de couleurs vives, la foule, les klaxons de voiture, les vaches et les éléphants. Puis le temps se mit à couler, et avec lui, mes peurs fondirent comme un morceau de glaçon au contact du soleil. La gentillesse des uns, la convivialité des autres, les aventures de chaque jour, les méchancetés le plus souvent animées par l’ignorance…tout cela m’embrassa et me forgeât d’autres perspectives sur la vie, les hommes, le temps, les relations humaines…

Que de choses ont changé en un an. 365 jours. 525600 minutes loin de la course contre la montre, loin de consommation mania, loin des conditionnements qui nous paralysent…à renouer contact avec moi-même.

Un an ne suffit pas pour appréhender ce vaste pays aux traditions séculaires. Il faut toute une vie pour comprendre pourquoi les castes sont si importantes, pourquoi tant de hiérarchie, pourquoi tant de différences entre ceux qui viennent de Punjab, ceux qui viennent de Kerala et ceux de Rajasthan,…pourquoi tant de gens se suicident et que cela est reporté dans les faits divers de Times of India…pourquoi de si importants extrêmes cohabitent…pourquoi la superstition. La nounou de ma fille est convaincue qu’elle mourra dans huit ans, parce qu’un chiromancien après lui avoir lu les lignes de la main a prédit qu’elle n’en avait que pour huit ans…C’est un mauvais signe d’acheter quelque de valeur un dimanche…pourquoi tant de pudeur…

Je suis entrée dans ce prêt-à-porter où je voulais acheter des blouses pour apporter à des amis, et ce vendeur me regarda et me dit, alors que tout le monde librement touchait aux vêtements, que je ne pouvais pas y toucher ; moi qui pensais qu’il plaisantait et qui insistais, me suis faite engueuler par l’imbécile. Je suis sortie et je passai un mauvais quart d’heure à essayer de comprendre pourquoi. Tard dans l’après-midi je suis retournée et j’ai rapporté l’incident au superviseur, un autre con borné et stupide….puis j’ai décidé que j’avais mieux à faire que de laisser deux ignorants tacher mon enthousiasme de leurs limites pathétiques.

Je suis allée a Monsoon Palace, Udaipur, et ce gardien me regarda et me demanda « Why is your hair like this ? » je l’ai regardé sans comprendre, puis je me suis rendue compte que j’étais peut-être la première noiraude au cheveux crépus et naturel qu’il eut jamais vue et je lui ai répondu en souriant « for the same reason yours is the way it is. »

Ce sont deux d’une pléiade d’expériences qui ont jalonné ma première année en Inde. Les unes m’ont attristé, les autres m’ont arraché un sourire…Puis tu rencontres des gens dont la gentillesse te désarme ; des gens qui laissent leurs familles un dimanche pour venir te donner un coup de main ; des gens qui mettent leurs plus beaux habits, sortent leur plus belle nappe, et versent le vin parce qu’ils t’ont invité à dîner, et que tu leur fais l’honneur d’être présent.

Alors que la deuxième année s’esquisse déjà à l’horizon, et que mon cœur s’ouvre à tous les espoirs, je ne puis que murmurer, tout doucement, « Incredible India, Incredible India ».

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Thursday, January 11, 2007

dieu parmi nous


In India everything is possible; even the willingness to meet with God (literally) can be materialized.

It had been a while since I saw my friend P, so I was happy to see him ‘cause he’s very nice, talkative and always wants to help. I was surprised by the way he answered my question which was ‘where have u been?”

“I was in Bangalore for my yearly pilgrimage”

“What? What kind of pilgrimage?”

“There is a living god in Bangalore, every year I go down there to thank him and present him with new requests; he always grants my wishes.”

I couldn’t believe my ears. The guy is a software engineer, and his whole face lit up when talking about the god. Here’s the website that he sent to me to introduce me to the divine….

http://www.srisathyasai.org.in/

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Wednesday, January 10, 2007

Au nom de la pudeur

Section 294 of the Indian Penal Code, dealing with “obscene” acts and songs, says that whoever to the annoyance of others
a) does any obscene act in a public place or
b) sing, recites or utters any obscene songs, ballad or words in or near any public place, shall be punished with imprisonment of either description for a term which may be extend to three months or with fine or with both.

Est-ce la raison derrière l’extrême pudeur des indien(ne)s ? En effet, l’Inde est l’un des rares pays où l’on ne voit jamais deux personnes s’embrasser, se tenir la main, ou se tenir serrés. D’un coté la tentation est proscrite par la façon dont les femmes sont vêtues—une longue pièce d’étoffe les couvrant de haut en bas, dans la rue, à la maison, au club de sport, ou sur la plage. D’un autre coté, la culture de la pudeur est restée intacte malgré l’influence occidentale omniprésente.

Cette semaine, un travailleur social a qualifié d’obscène la performance de Mallika Sherawat à Juhu Hôtel le 31 décembre dernier. L’actrice portant un body suit est accusée de porter des vêtements obscènes et suggestifs. Le travailleur social a expliqué “The actress was wearing obscene clothes and dancing in a manner that was very offensive to our culture and women.”

La semaine dernière, une plainte a été déposée devant la cour de la ville de Indore contre le film Doom 2 de l’année dernière car le baiser échangé par Aishwarya Rai et Hrithik Roshan a été qualifié d’obscène. Quelle culture ! L’affaire sera entendue le 25 janvier.
Alors que tout geste d’affection semble banni de la vie des indiens, et que Delhi peut se vanter d’être la ville prude par excellence ; il semble que les plus osées lentement se révoltent contre la vertu séculaire qui contrôle leurs moindres faits et gestes. C’est étrange dans un pays où la femme, par naissance inférieure à l’homme, doit payer son époux pour lui faire l’honneur de la prendre pour épouse—le même époux qui lui a été choisi par les siens après marchandage, et duquel les chances de divorcer sont quasi nulles—que de telles pratiques ne soient pas jugées offensives…mais qu’un body suit et un baiser à l’écran soient jugé offensif aux femmes.

Pourtant il faut bien que les gens aient des relations sexuelles pour que l’Inde soit l’un des pays les plus peuplés du globe. Personne ne me fera croire que tout ce monde est né par l’opération du Saint Esprit !

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Saturday, January 6, 2007

Home, Sweet Home!

J’ai toujours cru en l’adage “home is where the heart is” parce que pendant longtemps Pétion-Ville a été le seul endroit à habiter mon cœur. En fait, je n’ai aucun mal à reconstituer le parcours que j’avais l’habitude de faire, enfant, pour me rendre à l’école tous les matins. C’était un parcours simple qui se résumait à cheminer brièvement dans la rue Panaméricaine, tourner á gauche près du Marché Shada—autrefois Marché Simone Duvalier—puis m’arrêter devant la Chapelle de Don Bosco pour signer à la hâte ; contourner sans le regarder, le cimetière aux coupoles blanches ; prolonger la Route de Frères, et entrer au portail ou d’autres petits visages attendaient avec beaucoup d’anxiété le son de la cloche. C’était il y a longtemps. Pour une raison ou une autre, mon corps n’était pas seul à effectuer ce parcours ; mon cœur y était, tout mon être s’y trouvait. Ainsi, mon âme murmurait Pétion-Ville à chaque moment, au chambardement de la puberté, aux soubresauts de l’adolescence, aux émotions de femme.

Mais avec le temps, tout a changé. Le Marché Shada qui avait le don d’être si pimpant dans ses dentelles de fer coloré fut vidé de ses occupants qui désormais congestionnent les rues environnantes. Le Rond-point qui était jadis le trépied du géant arbre de noël et qui figurait dans le vidéo « Se Mwen Ab de Nwel » de L. Benjamin, se transforma en un carrefour où s’agglutinent détritus, taps-taps, motocyclettes, laissés pour compte, etc… Ainsi, La Chapelle Don Bosco perdit de ses attraits. Les dimanches désormais se chantent ailleurs. Et avec l’insécurité qui devint une manière de vivre, la vie devint plus précaire, comme le dit A. Derose dans sa chanson « dola meriken trouve l pichè pase lavi ».

Malgré moi, J’ai du m’en aller. En ce faisant, j’ai acquis d’autres habitudes. Mon cœur a pris racine en d’autres endroits qui, à mon insu, ont laissé leurs empreintes sur mon âme…J’ai eu chaud au cœur mercredi dernier en sortant du terminal après avoir passé deux semaines à Taiwan, et que mes yeux se sont posés sur la pancarte ou est écrit en grandes lettres l’expression « Incredible India » et qui montre une jeune femme pratiquant le yoga. Du coup, je me suis sentie en terre familière.

Pendant une minute j’ai pensé à l’adage, et je me suis dit “my heart is yet to be in India; nonetheless, it’s my home.” Je ne peux pas prétendre que cette année n’a été qu’une vague escale en orient. Les allées et venues de Basant Lok, les marchandages a Sarojini Nagar Market, les massages ayurvédiques, les vaches ruminant leurs saintetés à la face du monde … je porte tout cela en moi désormais, et je dois admettre que « My heart is still in Haiti, but my home is right here, right now, in New Delhi, India ».

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