J’ai toujours cru en l’adage “home is where the heart is” parce que pendant longtemps Pétion-Ville a été le seul endroit à habiter mon cœur. En fait, je n’ai aucun mal à reconstituer le parcours que j’avais l’habitude de faire, enfant, pour me rendre à l’école tous les matins. C’était un parcours simple qui se résumait à cheminer brièvement dans la rue Panaméricaine, tourner á gauche près du Marché Shada—autrefois Marché Simone Duvalier—puis m’arrêter devant la Chapelle de Don Bosco pour signer à la hâte ; contourner sans le regarder, le cimetière aux coupoles blanches ; prolonger la Route de Frères, et entrer au portail ou d’autres petits visages attendaient avec beaucoup d’anxiété le son de la cloche. C’était il y a longtemps. Pour une raison ou une autre, mon corps n’était pas seul à effectuer ce parcours ; mon cœur y était, tout mon être s’y trouvait. Ainsi, mon âme murmurait Pétion-Ville à chaque moment, au chambardement de la puberté, aux soubresauts de l’adolescence, aux émotions de femme.
Mais avec le temps, tout a changé. Le Marché Shada qui avait le don d’être si pimpant dans ses dentelles de fer coloré fut vidé de ses occupants qui désormais congestionnent les rues environnantes. Le Rond-point qui était jadis le trépied du géant arbre de noël et qui figurait dans le vidéo « Se Mwen Ab de Nwel » de L. Benjamin, se transforma en un carrefour où s’agglutinent détritus, taps-taps, motocyclettes, laissés pour compte, etc… Ainsi, La Chapelle Don Bosco perdit de ses attraits. Les dimanches désormais se chantent ailleurs. Et avec l’insécurité qui devint une manière de vivre, la vie devint plus précaire, comme le dit A. Derose dans sa chanson « dola meriken trouve l pichè pase lavi ».
Malgré moi, J’ai du m’en aller. En ce faisant, j’ai acquis d’autres habitudes. Mon cœur a pris racine en d’autres endroits qui, à mon insu, ont laissé leurs empreintes sur mon âme…J’ai eu chaud au cœur mercredi dernier en sortant du terminal après avoir passé deux semaines à Taiwan, et que mes yeux se sont posés sur la pancarte ou est écrit en grandes lettres l’expression « Incredible India » et qui montre une jeune femme pratiquant le yoga. Du coup, je me suis sentie en terre familière.
Pendant une minute j’ai pensé à l’adage, et je me suis dit “my heart is yet to be in India; nonetheless, it’s my home.” Je ne peux pas prétendre que cette année n’a été qu’une vague escale en orient. Les allées et venues de Basant Lok, les marchandages a Sarojini Nagar Market, les massages ayurvédiques, les vaches ruminant leurs saintetés à la face du monde … je porte tout cela en moi désormais, et je dois admettre que « My heart is still in Haiti, but my home is right here, right now, in New Delhi, India ».
Saturday, January 6, 2007
Home, Sweet Home!
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1 comment:
Je t'apprends que le nouveau marché Shada est parti en flamme dans la nuit du dimanche à lundi. Il n'y a pas eu de pertes en vie humaine.
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