Cette semaine les journaux n’ont fait que parler de chiffres—des chiffres porteurs de tant d’espoir, et charriant tant d’illusions. Même si les chiffres sont souvent les moyens les plus objectifs d’évaluer les performances d’un pays, ils ne reflètent pas souvent ce qui se passe dans le quotidien du commun des mortels.
Par exemple, quand on lit en grandes lettres sur la première page de « India Times » que le Produit Intérieur Brut a cru à un taux de 9% pour l’année écoulée, et que le revenu per capita est passé de 19,297 Rupees l’année précédente à 20,734 Rupees en 2005-06 , et que les ménages ont économisé plus de 414,462 crore (1 crore est égal à 10 millions de Rupees) en actifs financiers, soit 30% de plus qu’en 2004-05, même si tu es un économiste, tu n’as qu’une impression assez floue de ce qui se passe dans les rues de Delhi et dans les régions rurales.
Cette même semaine un autre phénomène a fait l’actualité. Il s’agit du suicide des agriculteurs dans les zones rurales défavorisées. « 11 suicides by farmers in 48 hours ». est le titre d’un article de India Times où l’on explique ce qui se passe à Vidharbha. Au cours du mois de janvier seulement, 62 agriculteurs ont utilisé le suicide comme échappatoire aux endettements. Ce cycle de suicide a forcé le premier ministre M. Singh à se rendre là-bas en Juillet dernier; mais six mois après sa visite et la promesse d’allouer 3,750 crore en atténuation de ce ras-le-bol, très peu ont changé pour les cultivateurs de cotton. En 2006, 1452 personnes se sont suicidées.
Il n y a aucun doute que la croissance est dans nos murs, et que le marché indien est l’un des marchés les plus cotés du moment. Comme on dit en Haïti, « lajan ap bwase nan peyi ya » ; mais cette croissance reste confinée dans un cercle très restreint et mettra peut être des siècles à être distribuée. La semaine écoulée, un autre titre a attiré mon attention, «
Pendant longtemps le Canada a occupé le numéro un du classement du PNUD qui, avec son indice de développement humain, se sert des paramètres comme le revenu per capita, l’espérance de vie à la naissance, les taux de scolarisation et d’alphabétisation, etc...pour évaluer le niveau de développement des pays. C’est vrai qu’au canada, chacun a son assurance-santé, que le gouvernement socialiste essaie de prendre en compte le bien-être du plus grand nombre, mais tu dois savoir les faits, si tu as un problème, tu peux mettre entre trois à six mois à voir un médecin….
Je me doute toujours des chiffres. Quand tu es loin et que tu lis les rapports sur l’Inde, tu dois te rappeler que c’est tout simplement la pointe de l’iceberg. Ne vas pas t’imaginer qu’avec ce taux de croissance l’eau potable est accessible à tout le monde, que les individus sont tous lettrés, que chaque personne mange à sa faim, que les soins médicaux sont l’apanage de la majorité, que les besoins de base sont pris en compte, et que le gouvernement joue son rôle redistributif dans l’économie…
C’est vrai que le pays regorge de richesses, mais le gros de ces richesses échappe au fisc. Comme dans tout pays du tiers-monde, les nantis sont bien nantis et les pauvres bien miséreux.
1 comment:
Farmers' suicides is rather sad. Inspite of the media highlighting it (my newspaper, The Times of India, did a full page Special Report a month or two back), nothing much is being done. Sadly, agriculture doesn't get the sort of priority it should get. There's so much of involvement of local politicians and consequent corruption...
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