Cela fait quelques temps que je ne trouve plus le temps d’écrire, ni de m’émouvoir, ni d’être choquée, par l’Inde. Peut-être que c’est finalement arrivé. Sans que je ne me sois rendue compte, je suis devenue d’ICI. Les journaux fourmillent encore de titres qui froissent la dignité humaine—tantôt c’est le taux alarmant de mortalité maternelle : la moitie du nombre de gens ayant péri dans le tsunami meurent ici chaque année sans pompes ni trompettes…tantôt c’est une jeune femme qui est tuée par ses beaux-parents qui se sont lassés de demander la dot…tantôt c’est l’élimination de l’équipe Indienne dans la Coupe du Monde de Cricket et les réactions chauvinistes qui ont suivi ; les mêmes qui secouent Haïti quand le Brésil a du mal à marquer un but ou est éliminé dans la Coupe de Monde de Football, comme si tous les espoirs accumulés s’estompent l’espace d’une nanoseconde et que toute la ferveur inspirée fait corps d’un coup avec les laideurs du quotidien…Mais je n’ai plus le temps de m’émouvoir.
Le temps est trop peu comparé aux montagnes de soucis et d’attentes à jalonner le présent…aux impondérables qui ne manquent jamais de se produire et de s’imposer. Alors il faut tout remettre à plus tard et se concentrer sur les urgences, en espérant que plus tard il y aura encore du piment pour exciter notre léthargie, et que nous ne serons pas trop vieux pour nous émouvoir encore.
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